Kopierre

Son histoire

Précisons pour commencer que « Kopierre » est un surnom, un sobriquet, comme on dit plus communément. Un extrait de l’acte de naissance de la commune d’Auberchicourt de l’année 1834 nous permet de retracer, à partir de sa naissance, la vie et aussi la carrière d’Alexandre, Joseph Consil dit Kopierre jusqu’à son décès à Aniche en 1909.

Né le 25 mai 1834 à Auberchicourt, Alexandre, Joseph Consil n’est pas le seul enfant de Jean Baptiste Consil et de Léocardie Briffault. Alexandre a des frères et des sœurs ; tous bien constitués grandissent à qui mieux mieux mais Alexandre grandit tant et si bien que, parvenu à l’âge de la conscription au début du Second Empire, il accuse sous la toise la respectable taille de 2,10m.

Dessin de Kopierre en tambour-major

Le gigantisme se manifeste assez rarement et sans doute faut-il s’en féliciter. Alexandre Joseph Consil, harmonieusement développé devint un soldat admirable de Napoléon III. Il séjourne dans différentes garnisons puis il se retrouve à Paris, Tambour-major de la garde. Il y fera carrière jusqu’à l’age de la retraite Pendant de nombreuses années, au cours des défilés dans la capitale, il étonna les Parisiens par la maitrise dont il faisait preuve dans le maniement de sa canne et la force avec laquelle il l’envoyait dans les airs ; il l’a lançait, nous a-t-on dit, plus haut que la porte Saint-Denis ! Pour être précis ajoutons que cette canne était conçue expressément pour notre géant et plus longue, plus lourde que le modèle courant ; la lancer alors plus haut que la porte Saint-Denis constitue un exploit difficilement réalisable  par un tambour-major si robuste soit-il.

Nous en savons maintenant beaucoup concernant Alexandre Consil, il est temps d’ouvrir une parenthèse et d’expliquer comment ce nom patronymique fut remplacé par le surnom de « Kopierre ».

Avant son départ pour l’armée, Alexandre travaillait aux ateliers centraux de la Compagnie des Mines d’Aniche en qualité d’aide forgeron avec un forgeron en titre prénommer Pierre. Consil avait coutume, après avoir consciencieusement fait rougir le fer à grands coups de soufflet, d’avertir son maître à forger d’avoir à battre le métal en prononçant ces simple mots : « Ch’est caud, Pierre ! »

A cette époque, quiconque ne portait pas de sobriquet hérité de sa famille était rapidement baptisé ; les quelques syllabes citées plus haut devinrent « Kopierre », nom sous lequel ses compagnons de travail appelèrent familièrement notre sympathique géant.

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Dessin de Kopierre jeune forgeron
Kopierre jeune recrue devant le roi de Prusse

Le tambour-major Consil se plut aux armées, il accomplit plus de 25 années de service avant de rentrer dans ses foyers, décoré de la Médaille Militaire. Il vécut alors paisiblement de sa modeste retraite.

Dans la carrière militaire de Kopierre survint un épisode peu commun. Fait prisonnier pendant la guerre de 1870, les hasards de la captivité le mirent en face du roi de Prusse. Ce dernier admira cet impressionnant soldat et donna l’ordre de lui octroyer une double ration alimentaire durant toute la captivité. Pareil mesure est toujours bien accueillie par n’importe quel prisonnier mais mieux encore par un homme dont l’appétit était en relation directe avec sa robuste constitution.

Après tous ce qui précède, vous vous demandez pourquoi et comment un citoyen d’Auberchicourt, ayant de son vivant connu une certaine célébrité, devient l’idole des anichois : la réponse est fort simple.

Consil dit Kopierre resta un heureux et joyeux célibataire. Devenu vieux il préféra, plutôt que vivre seul se retirer à Aniche dans l’établissement de la rue Ducret, siège du dispensaire des Houillères de France, géré par les sœur de Saint-Vincent de Paul. Il passa les dernières années de sa vie dans cette maison de retraite se promenant dans la ville, bien connu des habitants de l’époque qui ont souvent parlé de ce géant débonnaire, à l’allure restée martiale, courtois envers chacun.

Alexandre Joseph Consil mourut à Aniche en 1909 et fut inhumé au cimetière du centre. Une stèle toute simple portait le nom du géant suivi de quelques lignes dues à Baptiste Bourlon premier animateur de la fête de de Kopierre avant 1914. L’inscription rappelait en bref le plus spectaculaire exploit du glorieux tambour-major : la canne lancée « au-dessus » disait-on de la porte Saint-Denis. Depuis quelques années, avec l’autorisation de la famille, en l’occurrence des arrière-neveux et nièces, les reste exhumés de l’ancien soldat ont été transféré au cimetière sud au pied du monument aux morts de la guerre 1870-71.

L’ancienne stèle a été remplacée par une plus récente ou il est écrit :

                 Ici repose Alexandre Consil dit « Kopierre »

                                              1834 – 1909

             Le plus grand des Tambour-Major du Second Empire

Vous savez maintenant qui était Alexandre Consil dit « Kopierre ». Vous savez aussi que ce soldat du Second Empire, géant authentique et tambour-major de la Garde Impériale eut son heure de célébrité bien avant d’être honoré et fêté dans notre cité où il termina sa vie.

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