Les Verreries
L'histoire du verre
L’histoire du verre remonte à des temps lointain, il y a 100 000 ans, l’homme taillait déjà une roche volcanique, l’obsidienne, qui est simplement un verre terrestre, pour en faire des objets tranchants tels que des pointes de flèches ou de lances pour chasser mais également des bijoux. Les premiers verres créés par l’homme connus sont des glaçures retrouvées sur des poteries originaires de Mésopotamie ou l’émail retrouvé sur des poteries de l’Égypte ancienne, datant de 1 500 ans avant Jésus Christ.
Cette invention humaine qu’est le mariage magique du feu et de la terre a enflammé l’imagination des hommes. De nombreuses légendes sont parvenues jusqu’à nous souvent plus farfelues les unes que les autres, le premier texte à ce sujet en date étant de Pline l’Ancien. Une histoire raconte que ce sont des marchands phéniciens qui sont à l’origine du verre lorsqu’ils ont fait du feu sur le sable d’une plage. Cette histoire semble peu crédible quand on sait la température très élevée qu’il faut pour faire fondre le sable.


Nous pensons que si cette invention est certainement issue d’une erreur ou d’un accident et que l’origine en est inconnue. C’est donc l’historique des techniques verrières qui montrent comment les méthodes nouvelles de l’artisan se sont progressivement transformées.
Avant l’introduction du procédé continu de la fusion du verre, technique toute récente, l’élaboration du verre s’effectuait en chauffant les composants dans des « pots ». Cette technique remonte aux temps les plus reculés de l’art du verre ; elle est encore utilisée de nos jours pour de petites fabrications, en particulier celle des verres spéciaux pour l’optique.
Au XVème siècle avant Jésus Christ les anciennes pièces connues fabriquées par les Égyptiens portaient des noms : « œil de verre turquoise ou cartouche d’Amenhotep ; fragment de vase avec incrustations au noms de Tahutmis III etc… ».
Le soufflage vers l’année 100 avant Jésus Christ amena le développement de cette industrie à Alexandrie et en Syrie d’où elle se répandit presque aussitôt en Campanie, à Rome et de là dans l’ouest de l’Europe.
L’art du verre n’était pas inconnu des Gaulois mais ils n’avaient utilisé jusqu’alors cette matière que pour les parures tels que les perles. On trouve dès le 1er siècle des ateliers établis en Narbonnaise et dans la vallée du Rhône, à Lyon où se fixa le maitre verrier, Juliux Alexander. Un siècle plus tard les fabriques de Cologne commencent à répandre dans le monde Gallo-Romain leurs récipients ornés de filigranes de couleur.


Tombée en décadence dans le midi de la Gaule cette industrie devint au IIIème siècle particulièrement florissante dans les vallée de la Somme de l’Aisne et en Rhénanie.
Cette prospérité qui parait avoir atteint son apogée au début du IV7me siècle ne dura guère qu’une centaine d’année. A la fin du Bas Empire, c’est de la Gaule que proviennent la plupart des verreries recueillies en pays Rhénan.
A cette époque la division du travail était très poussée, on connait les ouvriers chargés de maintenir les feux, les souffleurs de verre qui travaillaient à chaud (vitreariï), ceux qui travaillent à froid par taille et gravure (diatretariï). Les producteurs marquaient de leur nom les moules des objets de leur fabrication : Frontinus, Patrimonus, Daccius, …)
La verrerie romaine se divise en trois grandes périodes : La première qui correspond au 1er et 2ème siècle ne voit que la création de verres de coloration en teintes vives, les formes sont trapues. Pendant la seconde période qui s’étend au 3ème et 4ème siècle, on assiste à l’apogée des techniques, le verre est pur, limpide. La troisième phase à la fin du règne d’Honorius au 5ème siècle amorce la décadence dans les techniques de fabrication mais la gravure et la peinture sur verre se développent. Les coupes chrétiennes sont ornées des scènes de l’ancien testament.
Survient alors une période de longue stagnation avec le Moyen Age, les vitres disparurent des maisons les fenêtre diminuèrent de dimensions. Seul l’art du vitrail connait une lente ascension.


Grégoire de Tours précise au VIème siècle que les basiliques sont vitrées. Michelet estimait que les lumières de la Sainte Chapelle de Paris avaient quelque chose d’oriental qui faisait retrouver à Saint Louis les couleurs et l’atmosphère de l’orient méditerranéen.
Le vitrail s’épanouit en France au XIIème et XIIIème siècle. Pendant ces siècles, il semble que le verre plat soit réservé au vitrage des églises et des bâtiments officiels. Pendant quatre siècles les vitraux vont remplir un double rôle de décoration et d’enseignement.
Au cours de ces siècles de nombreux textes décrivent les vitraux. L’architecte laissait au verriers le soin de remplir les vides. Sources de lumière, décoration, enseignement sont les trois missions des vitraux.
Les peintres verriers français jouissaient d’une grande renommée. De nombreux fabricants de verre plat vont en Angleterre travailler dans les abbayes.
Pilloy a découvert en 1872 dans le cimetière de Sery les Mézières (Aisne), les restes de vitraux carolingiens dont la techniques est égale à celle di XIIème siècle.
les verreries de Venise
Les mosaïques de Ravenne qui jouèrent un rôle essentiel dans l’essor artistique de la verrerie, étaient faites d’une matière vitreuse, s’apparentant à la fois aux émaux et au verre. A partir du IXème siècle les innombrables constructions d’églises provoquèrent le développement de cette fabrication. Ultérieurement les artisans passèrent de la fusion des mosaïques à la fabrication des objets creux. Le rôle des couvents dans la diffusion de ces objets fut considérable. Petit à petit l’objet en verre a usage religieux devient un objet courant par les Vénitiens.
A partir du XIIIème siècle la quasi-totalité des verreries se consacrent dans l’ile de Murano. Les secrets de fabrication que l’on veut jalousement garder y sont facilement surveillés.
L’exceptionnelle qualité des produits fabriqués conférait également à l’industrie du verre plat obtenu par soufflage en prestige de premier ordre.


Les ressources de l’émaillage, les reflets de jaspe ou d’agate souvenirs des mosaïques de Ravenne font que la verrerie de Venise est la première dans le monde et l’on comprend mieux l’acharnement des doges de Venise à défendre cette suprématie en punissant sévèrement ceux qui tentaient de partir.
Cependant d’autres centres découvraient peu à peu les secrets de Venise. Parmi ceux-ci on trouve Althare près de Gênes dont les verriers qui émigraient facilement ont contribué à répandre en Europe l’art du verre « façon Venise ».
De nombreux foyer Altharistes s’installent en France appelés par des mécénes tels les ducs de Nevers : Les Bormiolo se trouvent partout du Dauphiné à la Bretagne, les Perroto dont un descendant imaginera un procédé de coulage de glasses à Orléans à la foin du XVIIème siècle, les terro protégés par le roi René de Provence, etc…
Cependant les Atharistes qui n’acceptaient comme élèves que des parents ne savaient point souffler les glaces, objets de grande vogue à travers les cours d’Europe, de là viendra le déclin de cet art vénitien, dont Colbert amorça la chute en créant la manufacture des Glaces en 1665.
Les verreries normandes
Le roi Philippe VI donna pouvoir en 1330 à Philippe de Cacqueray, écuyer, sieur de Saint-Imes de faire établir une verrerie proche de Beau en Normandie qui fut nommée Verrerie de la Haye, en payant à sa majesté chaque année trois livres ou vingt boisseaux d’avoine.
Ce pouvoir donné à Philippe de Cacqueray était la récompense de son invention du soufflage du verre à vitre plat dit « à boudine » c’est-à-dire à partir d’une boule de verre soufflée ouverte et développée en plateau par rotation. Ce sera le verre appelé aussi « De France » qui restera pendant cinq siècles l’exclusivité de 4 familles verrière Normande : Cacqueray, Brossard, Le Vaillant et Bongars.


Suivons l’histoire de la verrerie de la Haye. En 1330 elle est manufacture domaniale, en 1416 elle est la possession des frères Guichard, « mais dans les environs tout bois mort dont on pouvait et devait user en verrerie était détruit ». Charles VI accorde la permission de créer un nouveau four dans un autre secteur de la forêt de Lyon. En1490 la verrerie revint à la famille Le Vaillant qui la conserva jusqu’à l’extinction du four en 1805. Pendant toutes ces périodes, si les verreries sont reconnues par l’autorité royale, la surveillance est exercée par les Grands Maitres des Eaux et Forêts, qui seule autorisent l’abattage du bois et la « coupe à la faucille de la fougère pour l’employer à l’artifice de Voirrerye ».