L'origine de la Ville

 

Le riche terroir de l’Ostrevant fut peuplé dès la préhistoire et les Hommes n’ont cessé de s’y succéder et s’intégrer au gré des différentes conquêtes : Tribus gauloises, Romains, et Francs saliens, comme l’atteste les nombreux vestiges.

La fondation de l’église dédicacée à Saint Martin remonte à l’époque mérovingienne entre 400 et 630. C’est en 630, que dans l’étendue des marais de la Scarpe, que les moines irlandais de Saint-Colomban fondent l’abbaye de Marchiennes à qui seront attribués la dîme et l’autel d’Aniche. A la fin du XIème siècle, le comte Anselme le Barbu ravage la région et s’empare des dîmes des abbayes de Marchiennes et de St Amand.

C’est dans l’énumération des possessions de cette Abbaye que le nom d’Aniche (Hanic) apparait. Le nom de d’Aniche va apparaitre sous plusieurs formes : « Aniz, Enich, Hanic, Anich,…) et c’est sur un document daté de 1103 qu’apparait Aniche sous sa forme actuelle.

Tout au long du Moyen-âge, Aniche subit le sort commun à tout l’Ostrevant, sans cesse disputé par les comtes de Flandre et du Hainaut, sous l’arbitrage intéressé des Rois de France. Alternant les périodes de paix ou prospèrent déjà la culture du blé et le tissage de la laine et du lin, avec les périodes de guerre entrainant son cortège d’horreurs. Du IX au XIVème siècle, la région passa des Comtes de Flandre aux Comtes de Hainaut, fut ballotée entre le Saint-Empire Germanique et le royaume Capétien avant d’être absorbée de 1433 à 1676 par la Bourgogne, les Halsbourg d’Autriche et d’Espagne. Aniche subira de nombreuses exactions de la part des Français. En 1340 il fut incendié par les Douaisiens. En 1477, invasion Française de Louis XI, le village d’Azincourt est détruit. La population qui chutera énormément pour ne remonter que sous la domination Espagnole. 

C’est de cette époque que la seigneurie reviendra à la famille de St Aldegonde dont la commune a conservé les armoiries. Aniche devenu possession du Roi d’Espagne connait une période de prospérité jusqu’à la longue guerre de reconquête par le Roi de France au XVIIème siècle. C’est au traité de Nimègue, en 1678, que le Hainaut et Aniche reviennent au Roi de France, Louis XIV.

Louis XIV (Copie de la toile de Hyacinthe Rigaud)

Il est décidé la confiscation des biens des sujets du roi d’Espagne, mais il suffit généralement pour obtenir la levée de cette confiscation de prêter serment de fidélité au roi de France. C’est ainsi que le seigneur d’Aniche, qui portait pourtant les titres de deux familles qui avaient longuement servi le roi d’Espagne, Comte de Sainte-Aldegonde et Baron de Noircams est à nouveau Seigneur d’Aniche en 1686.

Le drame c’est que la guerre n’est pas terminée et va reprendre à la fin du règne de Louis XIV et les Français vont connaitre de sérieux revers. Les Autrichiens qui ont pris la succession des Espagnols aux Pays-Bas vont s’emparer de Lille en 1708, de Tournai en 1709, de Douai en 1710.

Aniche est alors une bourgade de 800 habitants, d’après le registre du Curé Mucherie, mort en 1704. C’est alors son successeur, Jean Philipe Lemaire qui émaille  parfois le registre d’annotations sur ce dont il est témoin. Il écrit par exemple :

« Depuis le mois de juin 1709 jusqu’au 15 novembre dudit an les registres ont été sauvés à Douai pour la guerre ».

En 1711, le 13 septembre, c’est Bouchain qui capitule et l’on croit la partie perdue. Mais c’est alors, le 24 juillet 1712, que se décide entre Denain, Bouchain, Aniche et Marchiennes le sort de la guerre, par la bataille de Denain où Villard assure de façon définitive les conquêtes de Louis XIV.

Dés lors ce sera l’extraordinaire mutation de ce XVIIIème siècle où se prépare dans tous les domaines la révolution qui va l’achever.

C’est donc au XVIIIème siècle que la seigneurie passera au marquis de Traisnel. Jusqu’à la révolution, Aniche fera partie du Diocèse d’Arras, de la Châtellerie de Bouchain et du comté puis de la province du Hainaut.

L’état des finances de la châtellerie de Bouchain dont dépend Aniche est particulièrement lamentable qu’il est décidé en 1715 l’exemption pour 3 ans de la plupart des impôts.

C’est un peu plus tard que vont être entrepris des travaux très importants pour le développement futur d’Aniche. En 1726, on commence les travaux de construction de la route de Valenciennes à Cambrai par Bouchain et ceux de la route d’Aniche à Bouchain (actuel boulevard) et de la route de Bouchain à Somain, la route des pommiers. En dehors des travaux agricoles, à partir de 1726 et pendant une dizaine d’années, les paysans d’Aniche et des environs furent employés aux travaux de voirie, acquittant ainsi l’impôt en sueur. Le 3 mars 1739, l’Abbaye de Marchiennes est autorisée à procéder à l’adjudication des tourbe du Marais des Onze Villes pour 60 ans, en vue de couvrir les frais de la nouvelle chaussée de Marchiennes à Somain.

Le 11 novembre 1773, la Compagnie des Mines d’Aniche est créée par huit directeurs, dont le Marquis de Traisnel, Claude-Constant Juvénal d’Harville des Ursins. Elle est composée de nobles et de fermiers du pays, c’est en effet de riches bourgeois terriens qui apportent leurs capitaux mais doivent compter avec les nobles. Une remarque s’impose au passage, le capitalisme de cette époque est novateur, de créateurs dont il faut reconnaître le caractère positif. Certes il entend travailler à son profit mais il ne se préoccupe pas toujours de la rentabilité immédiate de ses capitaux, il faudra attendre 32 ans pour obtenir un premier dividende à ses actionnaires en 1805.

A la tête de la compagnie, Claude-Constant-Esprit Juvenal des Ursins d’Harville, marquis de Traisnel seigneur de Passy, est un militaire français, né le 12 mars 1723 à Versailles et mort paralytique le 6 octobre 1794. Il fut lieutenant-général des armées du roi et grand bailli d’Ostrevent.

 

Ses associés sont M. Béranger, de Douai, de M. Dehault de Lassus, conseiller du Roi, et Trésorier Général du Hainaut, M. Desvignes père, de Valenciennes, M. Dusart, Trésorier de la ville de Valenciennes, Mathias Desvignes, fermier à Hordain, M. Léonard Louis Lanvin; le père d’Auguste-Louis Lanvin, ancien soldat de Napoléon 1er qui deviendra maire d’Aniche,  fermier à Fressain enfin M. Deheugnies, de Condé sur Escaut.

 La concession des Mines d’Aniche est accordée par arrêté du conseil d’État en date du 10 mars 1774 au Marquis de Traisnel pour une durée de 30 ans avec pour activité l’extraction et transport de la houille.

La société commence ses premier sondages en 1773 à Fressain, puis en 1774 à Monchecourt où l’on descend sans succès jusqu’à 152 mètres.  On se trouve là sur les terres du Marquis de Traisnel qui résidait dans son château de Villers au Tertre.

C’est Prosper Quiquempoix, le premier directeur des travaux du fond qui décide de transporter le matériel de fonçage à Aniche où s’ouvriront les puits Sainte Catherine et Saint Mathias sur le territoire de la commune d’Aniche en 1777. Si Saint Mathias se solde par un échec, le charbon est découvert dans la nuit du 11 et 12 septembre 1778 au puits Sainte Catherine. La découverte du charbon à la fosse Sainte Catherine va transformer le village rural ce sera l’origine de l’extension d’Aniche, la société du marquis de Traisnel, devenue Compagnie des Mines d’Aniche sera l’une des plus importantes de France.

Un peu plus tard sur le boulevard, on creuse alors de chaque côté Sainte Thérèse et Saint Laurent. C’est à Saint Laurent qu’on utilise une première machine à vapeur pour l’épuisement des eaux qui gênaient considérablement l’exploitation. Pour ces 3 puits, l’extraction atteint tout de même 7 000 tonnes dans l’année 1785.

Fosse et Terril Sainte-Catherine

Mais ce sont des charbons maigres en petite veines et la vente est difficile. Cela se soldera en 1786 à un constat d’échec et la suite d’une inondation entraine l’abandon des travaux.

Deux nouveaux puits sont ouverts, un peu plus bas, à l’angle de l’actuel boulevard et de la rue Patoux, les fosses Sainte Barbe et Saint Waast puis plus tard Saint Hyacinthe.

C’est alors la révolution qui contraindra à l’abandon des travaux et il faudra attendre le XIXème siècle pour qu’ils connaissent enfin le plein essor, après bien des aléas.

Sous la révolution, Aniche fait partie de l’arrondissement de Douai, du canton de Lewarde puis Douai sud, elle est rattachée au Diocèse de Cambrai.

 

Mais l’exploitation du charbon à Aniche, ce ne fut pas que l’affaire de la Compagnie des Mines d’Aniche. A partir de 1840, La compagnie des Mines d’Azincourt, née de la fusion de 4 sociétés qui avaient fait des sondages dans la partie inexplorée au sud de la Compagnie des Mines d’Aniche, s’est établie sur les territoires d’Aniche, Abscon, Monchecourt et Erchin.

La Compagnie des Mines d’Azincourt sera rachetée par la Compagnie des Hauts Fourneaux, Forges et Aciéries de Denain-Anzin (future Usinor en 1948) rachète la Compagnie le 26 mai 1905.

Fosse Saint Édouard de la Compagnie des Mines d'Azincourt. (Elle se siruerait àquelques mètres du Lycée Professionnel Pierre-Joseph Laurent

De nombreuses verreries existaient en France, le plus souvent à proximité des forêts. Leur abondante et nécessaire consommation de bois imposait l’emploi d’un autre combustible. C’est en 1823, attiré par le charbon pour chauffer les fours que s’installent les premières verreries : Chartier (en bas) et Drion- Dorlodot (en haut). C’est l’abondance du charbon qui a fait prospérer les verreries. C’est ainsi que le Sieur Chartier, propriétaire d’une verrerie à Douai, client de la Compagnie des Mines d’Aniche considéra qu’une exploitation à Aniche lui procurerait à la fois une économie de transport du charbon et une facilité d’approvisionnement en sable et en calcaire grâce au canal de Saint Quentin ouvert en 1810 et accessible à partir de Bouchain.

Par ordonnance royale du 20 février 1823 le Sieur Hyacinthe François Chartier est autorisé à établir à Aniche une verrerie composée d’un four à 8 creusets, de four à recuire et à étendre le verre et de carcaises pour la fabrication du verre. Le texte précise : « L’impétrant ne pourra consommer du bois que pour l’épandage du verre (1m3 par jour de travail) La fusion des matières aura lieu au moyen de la houille ainsi que le Sieur Chartier en a pris l’engagement formel ». Cette entreprise ne dura guère, elle ferme ses portes en 1836 mais ce fut le départ de la fabrication du verre à Aniche où de 1823 à 1901 une douzaine de verreries s’installeront avec plus ou moins de succès.

Verrerie d'en bas (photo non datée)
Manufacture des Glaces, coulée des glaces

Par ordonnance du 18 juin 1823 deux Belges, De Dorlodot et Drion, ouvrent une seconde verrerie dont on peut dire que, jusqu’à nos jours, elle n’a connu d’autres arrêts que ceux causés par les événements de guerre. Il s’agir de la verrerie d’en Haut, appellation qui persiste malgrés les changements de raison sociale. En 1825 elle devient « Drion et Compagnie » en 1854 «  Drion, Quérite-Patoux et A. Drion » et reçoit l’autorisation d’adjoindre à la fabrication du verre à vitre, celle des glaces, peu répandue en France. En 1868, profitant de la loi nouvelle sur les société à capitaux, l’entreprise se constitue en « Société Anonyme des Verreries et Manufactures des Glaces d’Aniche ». Aujourd’hui l’usine appartient à la Société Saint-Gobain, produisant le double de verre à vitre avec un personnel réduit grâce au procédé « Float-Glass ».

Aniche deviendra la ville la plus industrielle du Douaisis avec l’ouverture de 4 nouvelles fosses s’étendant de Douai à Somain, puis la compagnie d’Azincourt en ouvrira 3 avant de s’installer à Monchecourt. Ce sera en tout une quinzaine de fosses ouverts sur le territoire de la commune.

La construction de 7 nouvelles verreries, 1 gobeleterie, 1 fabrique de produits chimiques et une grande manufacture des glaces coulées, fera d’Aniche la capitale française du verre. Le commerce et l’artisanat sont florissants, on comptera plus de cent estaminets, alimentés par douze brasseries.

Estaminet sur la petite place (actuelle place Domisse)

Si la guerre de 1870, une guerre de courte durée, puisqu’elle n’a duré qu’une dizaine de mois, n’a pas eu beaucoup d’incidence sur Aniche puisque les combats avec les Prussiens se sont cantonnés à Amiens, Bapaume, Saint-Quentin et Sedan, des Anichois, enrôlés dans l’armée du Nord, y ont toutefois laissé leur vie et un monument témoigne de leur engagement.

Ce monument initialement érigé dans le parc de l’église fut de placé par la suite au centre du cimetière sud au dos duquel sera déplacé la tombe d’Alexandre Joseph Consil connu sous le patronyme de Kopierre.

Durant la guerre 14/18, la ville va subir l’occupation durant quatre ans, c’est une ville  caserne et hôpital à 40 km des fronts de l’Artois et de la Somme.

La ville sera libérée par les anglais et les canadiens le 20 octobre 1918.  Elle a subi de lourds dégâts surtout dans son industrie. Entre les 2 guerres, c’est la fin du soufflage à la bouche, remplacé par le procédé d’étirage vertical Fourcault. Il ne reste plus que 2 groupes Boussois (en bas) et Drion, maintenant, Saint-Gobain (en haut), la glacerie est fermée. La fermeture de la dernière fosse, l’Archevêque en 1938 mettra fin à la production de charbon à Aniche. Avant le déclenchement de la seconde guerre mondiale, la population se maintient au-dessus de 9000 habitants grâce à l’apport de polonais dans les mines et des belges dans les verreries. Après l’exode de mai 1940, la ville va de nouveau subir quatre années d’occupation par les troupes allemandes. Le maire de la commune Jules Domisse est fusillé par les Nazis le 21 septembre 1941. Le 30 avril et 1er mai 1944, deux raids alliés font plus de 50 victimes civiles. La ville d’Aniche recevra la croix de guerre 39-45.

Retour en haut