Les rues

L'origine des rues

Probablement habitée depuis des millénaires, notre région fut parcourue par des chasseurs qui, à travers les forêts, ouvraient des pistes. Ces voies régulièrement fréquentées et probablement entretenues permirent d’établir des contactes entre les groupes devenus sédentaires.

Dés l’époque gauloise, un réseau important se tisse et lorsque les légions romaines envahissent la Gaule, la rapidité de leurs déplacements ne s’explique que par l’existence de ces routes qui facilitent leur occupation. Très vite d’ailleurs l’occupant créé à son tour un réseau routier stratégique qui bien souvent se superpose aux routes gauloises et dont les grandes routes modernes empruntent en majorité le tracé général.

Comme nous dit L. Thbaut, dans la brochure « Aniche, regard sur l’histoire »

« Si l’on consulte la carte, on s’aperçoit qu’Aniche se situe juste au centre de l’ancien pays d’Ostrevant.

La route qui, par Lewarde, Aniche, Denain, se dirige droit sur Bavay, capitale des Nerviens, est vraisemblablement très ancienne.

Elle partage l’Ostrevant en deux régions nettement distinctes qui devaient l’être encore davantage à l’époque gauloise … »

Et A. Leduque dans « Recherches topo-historiques sur l’Atrébatie », confirme que cette route présumée gauloise fait partie du chemin de Béthune à Valenciennes, axe qui n’est cependant pas porté dans les indicateurs routiers de l’antiquité. Pour appuyer sa thèse, il note que « Cassini en fournit un tracé partiel sous le titre : Ancien Grand Chemin de Douay à Valenciennes ». Et un peu plus loin il ajoute : « La chaussée traverse le territoire d’Aniche où l’on place la maladrerie et le lieu-dit « la Quief-Rue ». 

Effectivement sur les cartes et cadastres, cette maladrerie, endroit réservé aux lépreux, apparait nettement à l’entrée d’Aniche, prés de la grand route. Par contre si la « Quief-rue » est citée dans de nombreux textes, du XVI et XVIIème  siècle, il semble difficile de situer précisément ce lieu-dit.

Or « au XIIIème siècle, nous dit L. Thbaut, Aniche est pour l’essentiel encore situé autour de l’église, dans la boucle que fait là la vielle route romaine qui allait d’Arras à Bavay par Fampoux et Famars et qui longeant l’église, joint Abscon à Auberchicourt … »

Ainsi donc Aniche est traversée par deux axes très anciens dont l’un la voie gauloise, aujourd’hui la route nationale de Douai à Valenciennes, alors que l’autre, venant d’Abscon vers Auberchicourt, la voie romaine, aujourd’hui rue Jaurés et rue Patoux, rejoint Lewarde à travers champs.

Cette prépondérance de l’axe présumé gaulois n’est pas récente, car dans le plus ancien relevé topographique que nous ayons trouvé sur Aniche, datant de la fin du XVIIème siècle, cette route est appelée : « Grand chemin de Douai à Valenciennes » par opposition à l’autre : « Petit chemin d’Abscon à Anis » qui se prolonge vers Auberchicourt par le « petit chemin d’Anis ».

Si un croquis, levé par un moine pour les besoin de l’abbaye de Marchiennes, n’est pas à proprement parler, un plan, il nous offre cependant un aperçu fiable de notre village.

Outre les deux grandes voies routières précitées et le pourtour de l’église, il mentionne l’axe central qui les unit, aujourd’hui rue Barbusse, et se prolonge vers la rue du Marais puis les divers chemins menant aux villages voisins : Monchecourt, Émerchicourt, Bazincourt.

Naturellement si les deux grandes routes pouvaient être pavées sinon empierrées, les piedsentes ne l’étaient pas. Quoiqu’il en soit ce sont les embryons de canevas routier, que l’on retrouve aujourd’hui.

C’est dans le cartulaire de 1615 que l’on apprend les noms qu’ils portaient : « La neuve rue » actuelle rue Barbusse. « La verte rue » actuelle rue Patoux. « La rue du Marais, qu’on dit aussi le vert chemin ou le chemin du Marais » actuelle rue Gaspard. « La piedsente d’Anis ou moulin Bannier dit Moulin de l’empereur » actuelle rue Fendali. « La piedsente du moulin d’Hazincourt ou sentron » qui mène de Bruille à Hazincourt, actuelle rue de Verdun et rue Dubray, puis un sentier qui se perd dans les champs. Cette dernière partie étant parfois appelée « Sentron qu’on dit Jennotte » ou « Sentron qu’on dit Ghiennette »

 Si la plus part des voies porte le nom du village qu’elles relient, on note cependant « Le Chemin des Loups d’Auberchicourt à Bruille et enfin la « Rue du Grin Goguier » qui est un tronçon de la rue J. Jaurès.

Il faudra attendre 1725 après une période pendant laquelle notre village va vivre la guerre, le rattachement à la France et la bataille de Denain pour que, la paix installée et la prospérité revenant, de grand travaux soient entrepris.

Ce sera la création de la « Route Royale de Douai à Bouchain », actuels boulevards Paul Vaillant Couturier et Drion, et la « Route des Pommiers » à l’autre extrémité du village.

Cavaliers allemands sur la route des Pommiers en 1914

La découverte du charbon en 1778, l’arrivée des premières verreries en 1823 vont alors entraîner une mutation du village, qui progressivement atteindra son apogée dans la seconde moitié du 19ème siècle avec l’arrivée du chemin de fer.

Passant de 800 habitants en 1790 à 8 000 en 1900, pour dépasser les 10 000 habitants dans les années 2 000, il a fallu faire face à cet essor démographique et industriel, améliorer le réseau routier existant et ouvrir de nouvelles routes. On vit également la création des places, Jaurès, Fogt, Berrioz et bien d’autres réalisations. Aniche encore aujourd’hui est en constante évolution.

Rue d'Alsace

Partant de la rue Patoux, presque au centre de la ville, cette voie après avoir longé le cimetière se termine en impasse sur la voie ferrée Somain/Aniche.

En effet, c’est l’implantation de la ligne Somain/Aubigny via Aniche de 1880 à 1882 qui va couper l’ancien chemin qui faisait communiquer Aniche à Marquette et donner naissance à ce tronçon.

Auparavant ce n’était qu’une voie continue, rues d’Alsace, Chantreau et verrier, vers Marquette et dont le tracé apparait très nettement sur le plan de la commune de 1806.

Connue jusqu’en 1823 sous le nom de Chemin de Marquette, puis classée chemin vicinal N°7, elle fut baptisée en 1854 rue Saint Roch après la construction du calvaire Saint Roch édifié à la suite de l’épidémie de choléra de 1849.

Calvaire Saint Roch

Le développement industriel local entraine un accroissement de la circulation, en mars 1881, la municipalité avait émis un projet de boulevard pour éviter l’encombrement des transports et régler les problèmes de circulation.

Mais dès octobre le projet est abandonné à la suite des travaux entrepris pour implanter le chemin de fer qui provoque la coupure de cette rue Saint Roch sur 300m, la mettant en impasse et l’isolant ainsi du Chemin noir, malgré la protestation énergique de certains habitants.

Axe de communication important entre le centre-ville et les verreries, cette rue fut pavée en plusieurs phases de 1855 à 1866.

Le 9 août 1888, le conseil municipal décide de l’appeler rue d’Alsace pour garder vivant la souvenir de cette province française perdue à la suite de la guerre de 1870.

En mai 1870 un abreuvoir y fut creusé, à proximité du calvaire, permettant aux chevaux de se rafraichir et servant de réserve d’eau en cas d’incendie. Il fut supprimé en 1920.

Enfin l’alignement de la rue, souhaité depuis 10 ans, fut en partie réalisé dès avril 1908.

Vers 1900 de nombreux commerces et artisans s’y étaient installés et c’est par cette rue  qu’ouvriers et habitants des quartiers d’en haut et des villages voisins gagnaient le centre-ville pour le travail ou les achats, lors de leur passage.

A gauche sur la photo l'Hôtel Dieu

Arrivés au calvaire, ils trouvaient sur leur droite à l’angle de la rue de la gare, un café (siège colombophile), puis une charcuterie, la recette buraliste, un autre café à l’angle de la rue des écoles, ensuite la petite ferme Bonneton, une épicerie, la boulangerie Loquet, un débit de tabac, une bijouterie transformée plus tard en salon de coiffure et enfin en arrivant sur la rue Patoux, la pâtisserie Cambier.

Et lorsqu’ils repartaient, ils rencontraient après la pharmacie Lefébvre une confiserie, les pompes funèbres Mortelette, un marchand de musique, une chapellerie, une boulangerie, un marchand de charbon, le café Berriaux « à la grande choppe » voisin de chez « Clotilde » dont plusieurs générations d’enfants gardent un souvenir inoubliable. A l’angle de la rue Ducret, la menuiserie Labalette face à l’hôtel Dieu (Saint Joseph).

Rue Henri Barbusse

Très ancien chemin conduisant vers le marais et vers le nord, partant du centre sur le petit chemin d’Abscon à Douai et croisant le grand chemin de Douai Valenciennes.

Au XIIIème siècle à cette croisée d’une auberge et d’un roulier (voiturier) non loin donne à penser qu’elle était lieu de passage et un centre de transport de l’époque.

A cette activité et à la culture de terres au nord (Roye des Aubeaux) sont liés les progrès de l’installation humaine le long de la future Grande Rue (chaumières, fermes).

Au XVIIIème siècle, on parle d’un chemin le long duquel s’égrènent 38 petites chaumières appelées « manoirs » avec 7 grosses fermes à cour intérieure carrée. Il est dénommé, selon le cartulaire de 1615, « Neuve rue ».

Au XIXème siècle des changements sont intervenus et selon un plan d’Aniche de 1806, 56 maisons réalisent alors une occupation presque continue.

Les  grands bâtiments agricoles du XVIIIème siècle ont disparu mais 3 importantes constructions se dressent vers le croisement de la Grande rue et du chemin de Douai à Valenciennes tandis qu’une grande bâtisse anciennes en marque le milieu.

Mais malgré son titre de « Grande Rue » elle n’est encore qu’un chemin dont l’axe est occupé par un fossé et à l’extrémité nord par un abreuvoir, sur la place de « la carpe d’or »  (actuelle place Faidherbe) une halte des diligences reliant Douai à Valenciennes.

En 1823, elle est classée chemin vicinal N°47, de Bugnicourt à Aniche, qui comprenait également une partie de l’ancien « Chemin vert » (Actuelle rue Patoux). La multiplication des charrois au début de l’industrialisation d’Aniche oblige à en réaliser un pavage en 1842 et 1843.  

Petite parenthèse : le registre des délibérations porte, en mai 1843 : « 836.40m2 de pavé pour 5 959,12 francs ».

Or la rue s’allonge sur 418m. Curieuse facture et étrange arpentage ? On en déduit qu’on a dû se contenter d’un pavage sommaire se réduisant à 2 bandes de roulement laissant le milieu le « fossé » qui rigole, peu profond, puisque les chevaux y tiraient.

Un puits ancien, creusé face à l’entrée actuelle de la Mairie pour fournir l’eau aux habitants du centre, ayant été abandonné, les réclamations persistantes des Anichois avaient obligé le maire à le rétablir en 1849.

En 1859, la largeur de la rue a été  fixée à 12m pour freiner les implantations et obtenir un alignement convenable.

En 1863 un nouveau pavage aménage chaussée et trottoirs mais on ne sait pas dans quelles limites à cause du mauvais nivellement. En fait il n’y avait pas eu de nivellement du tout.

En 1878, le délabrement du puits est tel qu’il est remplacé par une « pompe monumentale », dont les réparations successives furent payées par les habitants, jusqu’au comblement du puits en 1888.

A l’autre bout de la rue, une bascule publique est implantée en 1875 contre l’abreuvoir de la Carpe d’Or, qui deviendra alors pour beaucoup la place de la bascule. L’abreuvoir lui-même sera supprimé en 1887.

Le 9 août 1888. Le Maire Édouard Lefebvre propose au conseil municipal 24 nouvelles dénominations des places et des rues d’Aniche. C’est ainsi que la grande Rue devient : Rue Thiers, du nom de Adolphe Thiers 1797 – 1877 député puis Président de la République de 1871 à 1873.

Et que la place de la Carpe d’Or devient : Place Faidherbe, du nom de Louis Faidherbe 1818 – 1889, général commandant l’armée du Nord en 1870.

En 1893, la pose de rails permet l’arrivée du tramway

A la fin du XIXème siècle, cette rue a vu se multiplier magasins et ateliers d’artisans, elle est la plus commerçante de la cité, dominée toutefois par l’immense ferme brasserie « Six » (Elle se déployait de l’ancien minifix à l’ancienne imprimerie Lanciaux) à tel point que qu’on ne parlait pas de la rue Thiers mais de la rue Six.

Depuis la plus ancienne auberge connue de Baudouin l’Ostegier, bien des commerces se sont succédés selon l’évolution de la société et des techniques.

Dès le XIXème siècle et début XXème, cette rue qui permettait aux habitants du centre de gagner le Grand Chemin de Douai à Valenciennes, la rue du Marais très fréquentée et les divers lieux de travail (Verreries et fosses) va affirmer sa vocation essentiellement commerciale. Il est évident que les puits de mines se fonçant à proximité et les verreries s’installant de la même manière, mais dans des espaces dégagés, la rue Thiers, en raison de la densité de son occupation humaine, ne se prêtait pas à l’implantation d’importantes activités industrielles.

En revanche, au début du XXème siècle, 85% de ses habitants se consacraient au commerce, à l’artisanat, voire aux professions libérales. Les Anichois qui la parcouraient y trouvaient tout ce dont ils avaient besoin.

A coté des fermes Kuntz, Leroy, Bertinchamps, Dufour et quelques « tristes sinces » comme le disait Monsieur Dubois, on trouvait :

  • L’hôtel – restaurant Crunel (1903) l’hôtel moderne Crouzet puis Oblin.
  • Les cafés : Pennequin, Célisse, Sorlin, Jeannat, Saudemont, Maillard, Regniez,Desor, Delebarre, Jaspart, Leloup, Cambay
  • Les boucheries charcuteries : Wagner, Bonnel, Poulain, Lerouge.
  • Les boulangeries : Maroquin, Taisne, Tanchon.
  • Les épiciers : Bougamont, Mercier, Loir.
  • Un confiseur : Fleury.
  • Un pâtissier : Cazer et les grands magasins de la bascule Leroy, regnier (1909.
  • Au cidre normand d’Esnault – Gamain.
  • L’établissement Leloup ( marchand de charbon, dancing, cinéma « Eldorado »)
  • Laurent (Légumes, photos)

Les artisans ne s’y comptaient plus :

Saudemont (Charbon), Hary (machines agricoles), Consil (maréchal ferrant), Lefin (Au bec Auer), Abraham (carrossier), un cordonnier surnomé « Clairon », un magasin de passementerie, un coiffeur (Desor), Delnieppe (horloger) Crapet (bourrelier), Leroy (quincailler), Delebarre (coiffeur), Bastin (menuisier), Wauquier (presse), Fauret (vélos), Dubois (peintre), Dubrulle (meubles), Malengé (imprimeur), Gerbelot (menuisier), Bruyère (Au bon bucheron), Mathez Décors funéraires).

En plus : un médecin Caffeau, un pharmacien Deffontaine, un vétérinaire Chevalier.

Cette liste tourne à l’encyclopédie, elle n’a pu être établie à une date précise, elle est certainement incomplète et correspond à la période 1900 à 1925.

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Une parenthèse : Au début de la première guerre mondiale, cette rue a connu des événements tragiques avec prise d’otages, rançons et représailles qui ont eu pour cadre la place Thiers qui se situait au croisement de la rue Patoux, entre l’actuelle salle Claudine Normand, l’entrée de la Mairie, le Palais de la bière et la place Jaurès. Le café Régniez, les maisons de la cour Bastin, le café Maillard et la banque Verley sont incendiés par les allemands, dans la soirée du 23 septembre 1914.

Après la guerre, l’aménagement de la rue se poursuit avec la pose d’un réseau d’égouts et l’apparition de l’éclairage électrique en 1924.

Pour honorer les morts de la grande guerre un monument est édifié Place Faidherbe et inauguré le 11 novembre 1924. Pour raison de l’évidence de ce repère on appellera alors la place Faidherbe, place du monument. Ce monument sera transféré place Berrioz en 1953.

En mai 1933, l’eau potable arrive, et la rue Thiers est équipée d’une borne-fontaine, installée en son milieu.

La circulation devenant intense dans cette rue principale, un arrêté municipal du 8 décembre 1938 y réglemente le stationnement suivant les jours pairs et impairs.

Entre temps on a changé le nom de la rue. Ce ne sont d’ailleurs pas les propositions antérieures pour le faire qui ont manqué, car les décisions municipales sont restées sans suite. Comme en 1929 : Rue Sacco et Venzetti (anarchistes italiens exécutés aux USA en 1927) ou encore en 1932 : Rue Roger Schneider (Syndicaliste et conseiller municipal)

Finalement le 16 décembre 1935, elle reçoit le nom de Henri Barbusse, écrivain, né en 1873, auteur de l’ouvrage « Le feu » prix Goncourt et décédé à Moscou en 1935.

Mais le 29 avril 1940 il lui est rendu le nom de Thiers jusqu’au 11 décembre 1944 où elle redevient définitivement : Rue Henri Barbusse.

L’aspect de son débouché sur la place et la rue Patoux se trouve modifié après l’achat des « Galeries d’Aniche » en 1952, crées après 1919 par les frères Delmotte.

 

Ayant tout d’abord pensé en faire une piscine, la commune choisira d’y édifier le Foyer Culturel en 1962 qui deviendra par la suite la salle « Claudine Normand ».

Devant ce foyer, en hommage au monde du travail, particulièrement mineurs et verriers, est élevé « Le monument du verre et du charbon » en 1963, une œuvre de Georges Hugot.

Ce monument sera ensuite déplacé, au mois d’octobre 2014, dans l’angle de la rue Patoux et du boulevard Paul Vaillant Couturier, sur une petite place baptisée pour l’occasion : « place Georges Hugot », pour laisser place à la voie du bus à haut niveau de service, (BHNS) et au réaménagement du carrefour.

Rue Étienne Buisson

Ce tronçon de l’ancien sentier N°3 qui joignait le Cheminet à la rue Saint Roch, dit Cordon du village, part de la rue Gambetta pour aboutir à la rue Laudeau.

Dans le prolongement de la rue Domisse, autre portion de ce sentier N°3, elle avait été conçue pour permettre aux enfants des rues d’Aoust (aujourd’hui rue Jaurès) et du Cheminet de se rendre aux écoles et s’appelait d’ailleurs aussi « rue des écoles ».

La scission de cet ancien sentier qui dès 1880 avait été élargi, a été décidée par le Conseil Municipal lors de sa réunion du 9 août 1888. Ce qui donna la rue Domisse et la rue Buisson.

Cette dénomination voulait rendre hommage à Étienne Buisson, né le 23 janvier 1800 et qui fut médecin de la compagnie des mines d’Aniche de 1825 à sa mort survenue le 20 juillet 1877.

Homme de cœur, il s’était dévoué 52 ans au service des ouvriers mineurs d’Aniche et avait particulièrement fondé une société de secours mutuels et de retraites.

L’ouverture de la verrerie de la gare en 1885 avait provoqué une activité de passage d’ouvriers et de véhicules de transport, ce qui amena la nécessité de l’éclairer dès janvier 1890 et de la paver de 1892 à 1895.

Si la première habitation qui se situe au N°9 actuellement fut bâtie en 1875, hors alignement comme le sera immédiatement après l’estaminet Delmer, ce n’est que vers 1880, après l’élargissement de la rue que se sont construites la plupart des maisons d’habitation. Certaines deviennent d’ailleurs très vite des estaminets fréquentés par les ouvrier de la verrerie Belotte.

La construction d’une aile de l’école des garçons dès 1885 va contribuer au développement de cette artère qui voit s’installer divers commerçants et artisans :

Une mercerie, l’épicerie Cazer, l’atelier de verres et de miroirs Lemoine (construit en 1892 sur l’emplacement d’un ancien abreuvoir datant de 1877), une menuiserie, quelques couturières, l’entreprise de camionnage Foulon et à chaque extrémité les café Hubert et Dubrulle.

Les deux premières maisons et la sortie de secours du cinéma
La cité des Mimosas

Un projet de 1911 prévoyait que des terrains seraient vendus par lot le long d’une nouvelle rue qui devait relier la rue Buisson à la petite place, en utilisant une partie des terres de la ferme et brasserie Wailly.

Construite par Jules Delmotte, fondateur des magasins et nouvelles galeries d’Aniche et de Douai, une maison de maitre, qui fut habitée par Émile Lemaire, fils de Constant, créateur de la verrerie de l’Union jusqu’en 1923 avant d’appartenir à la famille Demiautte.

Cette rue restera très active jusqu’en 1937, date de la fermeture de la verrerie Belotte, qui entraina la disparition des commerces.

Elle retrouva une certaine animation comme voie de passage avec l’ouverture du lycée professionnel en 1964, rue Laudeau, du collège d’enseignement secondaire en 1970 rue d’Artois, l’utilisation du plateau Lemoine qui est devenu un cours de tennis jusqu’en 2017 où il devint un parking et l’implantation du C.A.C.S.A. C’est également, dans cette rue qu’en 1989 fut créée la rue des Mimosas donnant accès à la cité du même nom construite en même temps que l’ensemble « Ramette » et en1995 que fut construite la sortie de secours du cinéma.

Mentionnons pour terminer que deux anciens Maires M. Olivier Humez décédé en 1962 et M. François Longelin décédé en 1986 y ont résidé ainsi que Erasme Caser l’otage fusillé en septembre 1914 lors de l’incendie d’Aniche.

Le CACSA

Rue Sadi Carnot

Dés avril 1885 on étudie le tracé d’une rue qui doit relier le chemin de grande communication N°34, ou rue Saint Martin à la rue d’Aoust. (Aujourd’hui de la rue du général Delestraint à la rue Jaurès).

Longeant la verrerie Saint Martin, elle doit faciliter le trajet des ouvriers habitant le centre, vers la verrerie. En effet, jusqu’à lors, le seul passage possible était la piedsente N° 18, dit passage Dantin, de l’église à la route d’Abscon.

Elle est déclarée d’utilité publique en mai 1887 et l’on procède, de mai à août 1890 à l’achat des terrains qui appartenaient essentiellement à Sébastien Imbert, D. Wally et Louis Goguillon.

Château d'eau de la verrerie Saint-Martin

Mais cette rue, serrée contre le mur d’enceinte de la verrerie, ce qui n’offrira de ce côté que des terrains à bâtir de faible profondeur peu propice à l’implantation de commerces, n’aura qu’une largeur de 9 mètres.

A cette époque, alors que la rue du générale Delestraint s’appelait rue Saint Martin, on trouva tout naturel de dénommer, celle qui venait d’être ouverte en 1891, nouvelle rue Saint Martin.

Le pavage réalisé en 1893, la rendra carrossable, mais chose curieuse, seul le trottoir opposé à la verrerie sera pavé de petits grés.

Le 18 mars 1899, elle portera le nom de Sadi Carnot, ancien Président de la République, qui cinq ans plus tôt, le 24 juin1894, avait été assassiné à Lyon, par l’anarchiste italien « Galéno ».

Sadi Carnot : de son vrai nom Marie Carnot (1837 – 1894). Ministre des travaux publics (1880 – 1881) et des finances (1805), avait été élu Président de la République le 3 décembre 1887.

En décembre 1894, Édouard Maroquin, boulanger à Aniche, achète un terrain situé entre la verrerie et la rue nouvelle, pour y construire un groupe de 10 maisons à usage d’habitation. Ces habitations furent revendues à la société « Dupourqué et Cie » (verrerie St Martin) en septembre 1913. Une plaque portant l’inscription « Coron Maroquin » y est encore apposée.

L’éclairage au gaz ne sera réalisé que vers 1909, et le revêtement en macadam en 1969.

Cité Maroquin

Quelques commerçants et artisans s’installent après 1914 :

Un café et salon de coiffure tenu par M. Cachera.

Un café au coin de la ruelle Lebas, tenu par M. Coez, puis Maillard.

Le 26 mai 1940 une bombe détruisit entièrement une maison des Mines d’Aniche, occupée par M. Dams, et les sauveteurs retrouvèrent les corps de deux évacué de Lourches sous les décombre de la maison voisine.

C’est dans cette rue qu’est né le 3 octobre 1922, l’ancien ministre des Postes, Norbert Ségard.

Rue Louis Chantreau

Au XVIIème siècle elle faisait partie du chemin de Marquette qui reliait directement Marquette au centre d’Aniche ( ce chemin est actuellement connu par ses 3 trnçons : rue d’Alsace, rue Chantreau et rue Verrier).

Quand se creuse la fosse Sainte Thérèse en 1779 (à l’est du chemin de Marquette et aux abords de l’actuelle rue Jean Moulin) pour se rendre à ce puit de mine, le personnel emprunte une sente qui part de la route Royale (Bd Drion) et va jusqu’au Cheminet (rue Laudeau) en coupant le Chemin de Marquette.

De même, le transport des charbons de terre et des matériaux s’effectue sur ce sentier pour gagner la rue Royale.

Appelé le Chemin Noir, la fréquentation va élargir ce qui sera la base du futur tracè de la rue de Flandres et qui conservera son nom malgré l’arrêt de la fosse sainte Thérèse en 1791.

C’est l’implantation du chemin de fer Somain – Aubigny en 1882 qui va contribuer à la formation de la rue dans sa forme actuelle.

Par autorisation préfectorale en octobre 1881, les travaux en cours ont pour conséquence de sectionner le Chemin de Marquette sur 300m, l’isolant de ce fait, et le privant de l’accès direct au centre de la commune.

Voilà donc en début de l’année 1882 le chemin vicinal N° 7 (depuis février 1856) dit Chemin de Marquette, en impasse.

Les rares habitants de ce sentier ont vite utilisé le « Chemin Noir » pour gagner la route nationale 43 (Bd Drion).

Aussi les responsables de la commune vont-ils, le 9 août 1888, réunir le Chemin Noir et le tronçon du du Chemin de Marquette, mis en forme de L, rejoignant à chaque extrémités, la RN 43, qui le même jour prendra le nom de Boulevard Drion.

Les habitudes étant tenaces, la population du quartier de la Verrerie d’En Haut qui utilisait le Chemin de Marquette pour gagner le centre du village, se voit lésée avec la mise en impasse du chemin, ce qui déclenche une première pétition, le 30 juin 1885, pour obtenir ine passerelle pour gagner la rue d’Alsace. Et, malgré des demandes répétées, de nouvelles pétitions en septembre 1895, juin 1897, janvier 1898 rien ne fut réalisé.

La polémique rebondit de nouveau en mars 1931 et novembre 1934 ou le projet pour un passage supérieur ne peut être mis en œuvre faute de moyens répond le Conseil Municipal.

Encore de nos jours, et plus encore avec la réalisation des lotissements de la Nation, la question « à quand un passage direct ? » vers le centre reste toujours d’actualité.

Depuis 1900, bien des constructions s’étaient érigées dans cette rue, encadrant la ferme Delval.

Deux cabarets : Bayot et Poulain accueillaient les personnes au retour de leurs achats et qui, pour gagner du temps, traversaient les voies du chemin de fer, avant de regagner la quartier de la Verrerie d’En Haut.

La société H.L.M. réalise 2 groupe de 8 maisons en novembre 1931 en bénéficiant des avantages de la loi « Loucheur ». L’assainissement de la rue fut réalisé en août 1953.

Dans cette rue de Flandre habitait un ancien verrier de la Verrerie d’En Haut, Président du syndicat des verriers, signataire de la convention collective de l’industrie du verre en 1936 et élu Conseiller Municipal en mai 1935 : c’était Louis Chantreau.

Louis Chantreau est arrêté à son domicile en septembre 1941 comme otage et fusillé à Marquette-Lez-Lille le 14 avril 1942.

Rue Jean Moulin
Jean Moulin

C’est pourquoi, par décision du Conseil Municipal, le 11 décembre 1944, la rue de Flandre portera le nom de : Louis Chantreau (né le 26 novembre 1890, mort le 14 avril 1942)

En septembre, une nouvelle voie, en impasse se croisant avec celle-ci, dans le virage du bas de la rue, va être ouverte et sera dénommée rue « Jean Moulin ».

Jean Moulin, figure phare de la Résistance lors de la Seconde Guerre mondiale qui créa le Conseil National de la Résistance sous l’égide du général de Gaulle.  Jean Moulin est né le 20 juin 1899 à Béziers et mort le 8 juillet 1943 près de Metz dans un convoi à destination de l’Allemagne à la suite des tortures subies préalablement.

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